Petite enfance, condition pénitentiaire, prisonniers du FLN… Trois combats méconnus de Simone Veil
Considérer qu’un bébé a besoin d’affection et de stimulation pour se développer relève aujourd’hui de l’évidence. Mais pas de la réalité dans les structures d’aide à l’enfance des années 60 et 70. Il a fallu l’intervention de Simone Veil, en 1978, pour qu’une « bientraitance » active soit mise en œuvre dans les « dépôts » d’enfants de l’Assistance publique.
A 81 ans, Danielle Rapoport s’enflamme encore au souvenir de cette ministre « tout à fait exceptionnelle ». En 1978, cette psychologue clinicienne de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris est parvenue à montrer à la ministre de la Santé le film « Enfants en pouponnières demandent assistance », qu’elle a réalisé avec la kinésithérapeute Janine Lévy « dans une pouponnière particulièrement carentielle de l’Aide sociale à l’enfance de Paris ». Les deux professionnelles de la #petite enfance y montrent comment sont traités des bébés retirés à des #parents défaillants. Placés dans d’immenses lits-cages, les nourrissons sont changés et lavés par des auxiliaires puéricultrices à la « technicité parfaite », mais sans l’ombre d’un échange affectif. Aucune n’a le temps de bercer les nourrissons, ni les embrasser ou de leur parler. Pour gagner en « rentabilité », les biberons sont calés pour que les enfants puissent boire seuls. Leurs lits ne comportent qu’un numéro, pas de prénom. « Ils en avaient un, mais on ne les appelait pas comme ça pour ne pas leur donner l’habitude d’un prénom s’ils étaient ensuite adoptés », relate Danielle Rapoport.