Pour les enfants placés, des familles d’accueil en pénurie, poussées « à l’épuisement »
Elle essaie de compter sur ses mains. Très vite, ses longs doigts diaphanes ne suffisent plus. « Une bonne quarantaine », se résigne à chiffrer Typhaine L., 54 ans. Derrière les chiffres, il y a ces enfants que la justice a décidé de séparer de leur famille pour les placer chez elle, dans son petit pavillon francilien à la façade jaune citron. Parfois pour quelques semaines, la plupart entre un et quatre ans, l’un jusqu’à sept années.
Des bambins laissés dans leur berceau comme des « poupées de chiffon », des handicapés mentaux ou physiques, des enfants de famille sans le sou, des violés, des battus, des « petits puants qui ont grandi comme des animaux », et même un enfant de #parents partis faire le djihad… Un inventaire à la Prévert de « ses abîmés », comme Typhaine L. aime à les appeler. « Parce qu’un abîme, ça donne l’idée du gouffre dans lequel ils ont grandi. » Et son rôle à elle, depuis vingt-deux ans, c’est de « les élever. Littéralement, les tirer un peu vers le haut ».